COMMENT WANG-FO FUT SAUVE - Marguerite Yourcenar

Publié le par bibliothequedespossibles.overblog.com

GF Nouvelles fantastiques 11 ère publication : France : 1936, dans la « Revue de Paris »

 

Edition lue : Flammarion - Collection « Etonnants Classiques » - Nouvelles fantastiques 1

Voir commentaires sur le recueil complet ici

 

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Wang Fo est un peintre vagabond qui parcourt la Chine du royaume de Han avec son disciple Ling.

Ce dernier a épousé une femme exquise qui sourit toujours, d’une grande beauté. Un soir dans une taverne, Ling fait la connaissance de Wang– Fô. Ce dernier aide Ling à voir la beauté dans toute chose, même dans le plus infime détail de la vie. Ling lui en est tellement reconnaissant qu’il le recueille chez lui. Wang-Fô fait plusieurs portaits de l’épouse de Ling, et curieusement, plus son visage est peint, plus elle dépérit. Elle finit par mourir. Ling ne lui en veut pas, mais vend toutes ses richesses, et débute une vie de vagabondage avec Wang-Fô, qui est craint : Une légende dit à son sujet qu’il pourrait donner vie  à n,’importe quelle peinture en ajoutant 2 points de lumière dans les yeux d’un personnage.

 

Un jour, Ling et Wang-Fô sont capturés par l’Empereur. Ce dernier explique qu’Il a été élevé dans une pièce unique dans laquelle se trouvaient des paysages du monde peints par Wang-Fo. Lorsque l’empereur sortit de sa pièce pour découvrir le monde, il est déçu car celui-ci est moins beau que les peintures de Wang-Fo. Pour punir ce dernier, il veut lui brûler les yeux et lui couper les mains. Mais avant, Wang-Fo devra terminer une œuvre inachevée représentant la mer. Son disciple, qui tente de sauver son Maître, est décapité. Le peintre commence à compléter le tableau, et curieusement, de l’eau s’infiltre dans le Palais…

 

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L’évocation du royaume de Han situe le récit environ 200 ans avant Jésus Christ. Ce texte, inspiré des légendes chinoises, est empreint de sagesse et de poésie. L’écriture de Marguerite Yourcenar est très visuelle et très dans le style « conte ».

 

Le phénomène fantastique décrit ici est la magie que peuvent posséder certaine œuvres, déclenchant chez celui qui les admire le souhait d’être à l’intérieur du tableau. Je n’ai pas mentionné la fin de l’histoire un peu plus haut, mais on devine que le peintre s’évade en étant absorbé par le tableau qui envahit tout le palais : Une énorme masse d’eau envahit le palais, et les gardes qui arrivent dans la pièce ou le peintre œuvrait voient disparaitre au loin une barque avec 2 silhouettes…

 

On retrouve ici le duo Maître-élève, système d’éducation en vigueur à partir de l’Antiquité. L’élève, bien sûr, est prêt  à tout pour sauver son Maître. La philosophie du bouddhisme est également présente, puisque Ling, autrefois riche, renonce à tous ses biens matériels après la mort de son épouse.

 

On notera ici quelques passages un peu gores de façon poétique notamment lorsque l’épouse décédée de Ling commence à se décomposer, Wang-Fô veut peindre une dernière fois son visage, et Ling l’aide à broyer des pigments verts…Ou alors quand le peintre admire le contraste entre la pierre verte du sol du palais avec le sang de son disciple. Encore un exemple : Le Ling qui réapparaît sur la barque à la fin du récit porte une écharpe rouge, qui cache pudiquement trace sanglante faite par le sabre de son meurtrier.

 

Ce conte est issu du recueil « Nouvelles orientales ». Il me rappelle « Rose madder » et « Duma key » de Stephen King, ainsi que le « portrait de Dorian Gray » de Wilde (dans ma pile de livres à lire, en V.O., prochainement dans ce blog), qui mettent en scène des tableaux aux pouvoirs surnaturels.

 

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Un texte très soigné, qui évoque les légendes de la Chine mystérieuse, dont le monde occidental savait encore bien peu de choses en 1936.

Publié dans France : 1921 - 1940

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