LE LIVRE DE SABLE - Jorge Luis Borges
1 ère publication : 1975
1 ère publication en France : 1978, Gallimard, paru dans le recueil « Fictions » en 1983
Edition lue : Flammarion - Collection « Etonnants Classiques » - Nouvelles fantastiques 1
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Un homme qui vit seul est visité par un vendeur de bibles. Ce dernier lui propose un volume intitulé « Holy Writ », acheté en Inde à un illettré. La datation de l’ouvrage est inconnue. Le vendeur l’appelle « le livre de sable », car comme le sable, il n’a ni fin ni commencement ( ?).Le vendeur lui propose un prix trop élevé, mais le narrateur finit par l’acheter en proposant sa retraite + une de ses bibles rares.
Après de minutieuses observations, le narrateur remarque que les numéros des pages ne se suivent pas. Le nombre de pages du livre est infini, on ne trouve jamais ni la première, ni la dernière page. Petit à petit, sa vie se résume à l’étude du livre. Il ne voit plus ses amis, rêve du livre, prends des notes sur les pages ou il a vu certaines illustrations, illustrations qu’il ne retrouve jamais.
Au bout de plusieurs mois, le livre finit par lui faire horreur, et il finit par l’abandonner dans les profondeurs des archives de la bibliothèque nationale de Buenos Aires
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On mentionnera ici quelques traits de caractère du narrateur : Premièrement, son esprit d’observation : Il nous fait une description très détaillée du colporteur. Ensuite, son sens de l’autodérision : Il avoue faire preuve de pédanterie quand il se vante de posséder plusieurs bibles. Enfin, le narrateur est bibliophile et semble bien connaître la bibliothèque de Buenos Aires (ici, un peu d’autobiographie puisque Borgès fut directeur de la bibliothèque nationale de Buenos Aires à partir de 1955). Et un peu maniaque : Il fait très attention à l’endroit ou il va ranger sa nouvelle acquisition dans sa bibliothèque. Pour finir, on voit qu’il se trouve peu à peu submergé par l’attrait que le livre exerce sur lui, mais il finit par se maitriser et par s’en débarrasser.
Quand au vendeur de bible, il semble vidé de toute énergie, selon le narrateur. S’est-il épuisé, lui aussi, a percer les mystères du livre ? Très certainement. On comprend également qu’il souhaite faire un gros profit en vendant son étrange livre, mais qu’il souhaite encore plus s’en débarrasser…Il est bibliophile également car reconnaît la valeur de la bible que lui propose le narrateur.
Enfin, penchons nous sur le 3 ème personnage de ce récit : Le livre : On ne connaît ni son origine, ni son histoire, ni son contenu, ni ce que représentent les illustrations qu’il contient. Ici, le phénomène fantastique est réduit à sa plus simple expression, il n’est pas approfondi, mais cela ne nuit absolument pas au rythme du récit, fort agréable à lire car vivant, et percutant, qui laisse une impression durable même après avoir refermé le livre.
Le livre de sable est en quelque sorte l’ancêtre de l’E-book ! Un objet qui ne me tente absolument pas. Rien ne remplacera jamais le contact charnel avec le papier : son toucher, son odeur, le bruit d’une page qu’on tourne… Toutefois, j’imagine qu’il est très convoité par les personnes qui voyagent beaucoup et qui sont limitées en poids et en place : les sous mariniers, ceux qui travaillent sur des plateformes pétrolières, les commerciaux, etc.
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Un texte sur un livre écrit par un bibliophile ne peut qu’être beau…Un récit un peu à la Maupassant, avec une construction simple et efficace, qui fonctionne très bien :
1. Situation du personnage principal, installation du décor dans une vie quotidienne
2. Arrivée du phénomène fantastique
3. Etude de ce phénomène qui interfère avec la vie quotidienne du personnage
4. Solution apportée à ce phénomène pour retrouver une vie normale
Je ne connaissais par Borgès, mais il mérite d’être lu. A l’occasion, j’en lirai un peu plus (en plus de ma pile à lire qui grossit de semaine en semaine… Il faut que je vous dise : Chez moi, j’ai une pile de sable : Pas de fin ni de début, toujours en évolution !).
Pour information, la belle collection de « La Pléiade » a réédité début 2010 les ses œuvres complètes, en 2 tomes.